Foulques III Craint de Dieu et Redouté du Diable
En l’an mil un individu hors du commun, presque légendaire, dominait la Touraine : le fameux comte d’Anjou Foulques III Nerra. Aussi connu comme le “Faucon Noir”, il était l'un des plus grands seigneurs féodaux de son époque. En effet, enchaînant exploits chevaleresques et crimes infâmes, il se montrait tantôt cynique, tantôt généreux, tantôt impulsif ou calculateur, assassin ou repentant. Mais avant tout, il fut un batailleur infatigable, passant le plus clair de son temps à combattre ses voisins et surtout Eudes de Blois, son cousin, auquel il prit une bonne partie de ses domaines tourangeaux.
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Aux grands féodaux, ses cousins, il donna l’exemple de l’affranchissement des serfs, de la protection des moines, du partage des biens, du souci dynastique familial, de l’équilibre territorial et mit en place un système éducatif renouant en cela avec la tradition carolingienne.
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Pas moins de cinquante châteaux, abbayes, églises et monastères vont voir le jour durant sa longue vie qui le verra partir quatre fois en pèlerinage à Jérusalem en 1003, 1009, 1035 et 1039.
C’est au retour du quatrième, qu’il mourut à Metz, le 21 juin 1040, à l’âge de 70 ans.
Un des plus vieux monuments médiévaux de France
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La forteresse de Montbazon fut édifiée à partir de 991 au sommet d’un éperon rocheux dominant le cours de l’Indre. Les moines de Cormery se plaignirent auprès du roi de France du comportement de Foulques III Nerra qui s’était emparé du lieu. Il construisit dans un premier temps une motte castrale, un donjon en bois sur une butte de terre, le donjon en pierre ne viendra qu’un peu plus tard.
La forteresse sera ensuite prise par le roi de France, Philippe Auguste, en 1205. En découlera la construction de tours rondes et les remparts de la seconde chemise. La tour à l’angle sud-ouest est composée de plusieurs étages, celle du sud-est est pleine et fait office de contrefort d’angle.
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Rattachée de façon définitive au royaume de France, la forteresse est ensuite devenue la propriété d’une succession de familles illustres, notamment les Mirabeau, Savary, Craon et les La Rochefoucauld avant de passer aux Rohan, ducs de Montbazon jusqu’à la Révolution. Vers la fin du XVIe siècle, le site a connu encore de profonds changements. C’est pendant cette période que Montbazon est devenu un des douze duchés-pairies du royaume et le deuxième plus riche après Orléans. Un deuxième château, qui accueillait régulièrement Charles VII et Louis XI, a été construit autour de 1425, face au donjon, et démoli en 1746 pour empierrer le lit de l’Indre (actuellement, place de la Mairie).
Cet ensemble fortifié constitue l’un des plus anciens châteaux féodaux en France. Le donjon était une tour massive de 36 m de hauteur à l’origine (26 à 28 m aujourd’hui), les murs d’une épaisseur de 3 m à leur base et 2 m en haut de l’édifice, 20 m de long sur 15 m de large. Les façades sud et est sont pourvues de contreforts. Il était composé d’une cave et de trois étages, en bois, installés selon la hiérarchie « nobiliaire » (les nobles en haut). Il était surmonté d’un toit à quatre pans. On y entrait par une porte, côté nord, située à 6m50 du sol, grâce à une échelle ou une rampe.
Le « petit donjon », ou avant-corps, y fut adossé, côté ouest, par Geoffroi Martel, le fils du “Faucon Noir”, en 1050. Un autre descendant de Foulque, Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre et père de Richard Coeur de Lion et Jean Sans Terre, entreprit d’énormes travaux, transformant le simple donjon en véritable forteresse en 1175. Propriétaire des lieux par son mariage avec Aliénor d’Aquitaine, il ajouta, en partant du « petit donjon », les murailles crénelées, le chemin de ronde et la haute cour.
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